Habiter la Lisière

L’installation «Habiter la lisière» a été proposé pour l’exposition intitulée «Milieux», au Domaine départemental de Chamarande. Le projet s’est transformé en une résidence artistique qui s’est prolongée jusqu’au printemps 2015. L’emplacement choisi pour l’intervention est localisé sur les lisières situées en face du Château, de l’allée des Antilopes à l’allée du Bois. L’intervention s’est étendue sur approximativement 380 m. Les lisières en question sont les plus visibles depuis le Château. Cet espace jardiné et mis en valeur a était nommé «La Lisière Habitée». Notre intervention a commencé en avril 2013, après le passage des conseilleurs de l’ONF qui avaient décidé quels arbres, parmi ceux composant la première ligne de la forêt, seraient abattus pour commencer à y recréer une lisière. L’espace ainsi dégagé pouvait faire penser à un Salon de verdure avec des massifs d’arbustes persistants de Buis (Buxus sempervirens) et de Lauriers-cerises (Prunus laurocerasus). Ce sont des arbustes datant d’époques différentes et renvoyant à des modes de jardinage aussi bien différents. Des arbustes qui, aussi et chacun à sa manière, bénéficient d’un préjugé social : bien à sa place et honorable pour le Buis, déplace et démodé pour le Laurier-cerise. Nous avons entrepris de fabriquer une grande table centrale, élément essentiel dans notre Salon. Nous nous sommes servis de tous les troncs de diamètre important pour la construire. Ils ont été enterrés de quelques dizaines de centimètres pour pouvoir rester debout placés à la verticale. Pour la fin de la première année de résidence, tout au long de la lisière, des miradors de chasse ont été placés à des intervalles réguliers avec des tables et des parasols. À la fois accueillants et au service du public, ils permettent de regarder plus loin, ailleurs. Cet ensemble fonctionne comme une signalétique forte pour annoncer le début d’un changement en cours.

L’essentiel apport en 2014, deuxième année de résidence, a été le traçage des points de vue et la création des diverses cheminements. Ce sont autant de vues et de chemins qui guident la vue et la promenade vers le Château ainsi que vers l’intérieur de la lisière, vers la Mare et le Salon de verdure.
L’abattage des arbres a permis la construction des murs, fabriqués en imitant la manière de faire des forestiers qui rangent le bois en attente d’évacuation hors de la forêt. Ces murs de rondins de bois fonctionnent comme des cadres, comme des points d’attention. Ils encadrent le paysage et dirigent le regard vers des points de vue exceptionnels sur le Parc. Ils conduisent le visiteur depuis l’entrée de la lisière jusqu’au Salon de verdure, en passant devant la Mare. Ils créent à chaque étape des nouveaux espaces, des temps d’arrêt.

Pour finir, en 2015, tout au long de la lisière habitée, des plantations des arbustes ont pris place. Les arbustes ont été plantés en mélangeant des arbustes à fruits, des groseilliers et des ronces. Le chevreuil est présent toute l’année sur le domaine et ils ne sont sûrement pas les seuls animaux à fréquenter assidûment le bois, c’est pour cette raison que nous avons ajouté des protections forestières sur chaque plantation, tache ingrate et coûteuse. Cette contrainte nous a permis d’envisager une clôture générale en forme d’étoile filante agréable au regard pour pouvoir rester sur place le temps nécessaire à la croissance des végétaux.

DONNÉES

Commanditaire : Julie Sicault Maillé, Laurent Bourdereau, Conseil Départemental de l’Essonne
Equipe de réalisation : Laboratoire du dehors avec David Bellamy, Jean-Marie Bourges, Yvan Cappelleare, Helene Carlo, Jean-Christophe Denise, Simon Denise, Alexis Feix, Camille Fréchou, Damien Roger, Etienne Vazzanino
Photographe : Liliana Motta

Domaine départemental de Chamarande. 38 Rue du Commandant Maurice Arnoux. 91730 Chamarande