Les plantes des talus et des fossés

Jardin pour l’Académie des Arts du Cirque Fratellini , Seine Saint-Denis (93). Un relevé botanique rapide du terrain, rue de Landy et rue des Cheminots, à Saint Denis, a permis d’identifier la végétation installée sur les talus et dans le fossé. Beaucoup de ces plantes sont des plantes rudérales, du latin rudus : décombres. L’espace rudéral désigne les lieux occupés, colonisés, puis abandonnés par l’homme. Les plantes rudérales occupent des sols dont l’équilibre est fréquemment perturbé (piétinement, labours). Ce sont souvent des plantes à croissance rapide, édifiant une biomasse importante en peu de temps, à grande fécondité, à pouvoir germinatif élevé, et à grande plasticité écologique, résistant à la sécheresse comme à l’excès d’humidité.
Il est passionnant de connaître l’origine de ces végétaux qui sont étroitement liés à notre histoire. Ces «mauvaises herbes» ont été des plantes médicinales ou d’anciens légumes ou encore des plantes utilisées dans l’industrie.

Cette végétation est composée par des plantes indigènes (on dit végétation spontanée) et des plantes étrangères (végétation subspontanée, naturalisée). Comme le Buddleia originaire de Chine, cultivé comme ornement, s’est échappé d’abord sur les ruines et les lieux bombardés des villes en 1944 où il s’est maintenu sur les vieux murs et les terrains vagues. Aujourd’hui il s’intègre progressivement à la végétation naturelle des falaises maritimes. Parmi les plantes indigènes, on trouve un arbrisseau, le Sureau noir, Sambuscus nigra, plante pionnière apte à coloniser rapidement un espace libéré. Il est présent dans presque toute l’Europe, l’Asie mineure, le Caucase, la Sibérie Occidentale et l’Afrique du Nord. Il a des nombreuses utilisations, agricoles, médicinales, alimentaires. Une forte mythologie, des légendes, des superstitions et des contes, existent depuis le Moyen Age autour du Sureau. La Cardère ou Cabaret des oiseaux (Dipsacus fullonum), du Fenouil (Foeniculum vulgare), des Lilas d’Espagne ou Valériane (Centrathus ruber), sont aussi des plantes médicinales, aromatiques, et complètent cette végétation anthropophile dans les talus.
Un naturaliste parisien a été précurseur de l’étude de cette flore urbaine, Paul Jovet. Des végétaux ont été plantés en collection, enrichissant l’existant avec d’autres espèces botaniques et cultivars sur les talus.

DONNÉES

Commanditaire : Patrick Bouchain
Photographe : Liliana Motta

L’Académie Fratellini. 1-9 Rue des Cheminots. 93210 La Plaine Saint-Denis