Phytoremédiation d’une Piscine municipale

Mission Paysage : Le 1% scientifique. Atelier de Phytoremédiation et création du Jardin de la Piscine

En référence au 1% culturel, qui est le pourcentage du coût de la construction d’un programme public alloué à un artiste pour y développer un projet, Patrick Bouchain a imaginé et généralisé «la stratégie du trois fois 1%» : 1% artistique, 1% scientifique et 1% solidaire.
Pendant la durée du chantier de rénovation de la piscine municipale de Bègles mené par l’agence Construire, nous avons proposé à la ville le principe du 1% scientifique. Tout chantier public devrait être l’occasion de la transmission directe des expériences et d’un savoir public.
Le 1% scientifique de Bègles à était encadré par l’artiste-botaniste Liliana Motta avec la collaboration scientifique de l’institut EGID Université Bordeaux 3. La piscine de Bègles a était conçue sur un système de circulation d’eau de type hydraulicité mixte. La réglementation des piscines nous obligé à rendre l’eau du bain désinfectée et désinfectante donc « morte », et à évacuer cette eau en permanence aux égouts à raison de 30 litres minimum par jour et par baigneur. Les prévisions concernant la fréquentation de la future piscine sont de 400 baigneurs par jour, ce qui revient à envisager un débit de rejet d’eau de l’ordre de 12 m3 /jour, soit 500 L/h. Cet rejet d’eau « morte » a comme particularité de tuer les bactéries environnantes et donc d’amenuiser l’efficacité des stations d’épuration et d’engendrer une forme de pollution. Partant de ce constat, nous avons décidé que l’eau rejetée aux égouts serait «remise en vie», d’une qualité équivalente à de l’eau de pluie et donc envoyée vers le réseau Eaux Pluviales.

Pour ce faire, la procédure a consisté à filtrer les particules organiques mortes puis à déchlorer totalement cette eau, pour ensuite la diluer avec un volume environ 5 fois supérieur et enfin la faire transiter par une zone en vie (faune et flore) avant son rejet au réseau. Un volume d’eau filtrée de 10 à 15 m3 /jour alimente donc un bassin de remise en vie de 50 m3 par une extrémité. Ce bassin de 25 m de long par 2,5 m de largeur et 80 cm de profondeur forme une «chute d’eau» à son alimentation pour évacuer le chlore gazeux. Le chlore en suspension est, lui, est fixé sur des éléments organiques (branchages) disposés dans le premier tiers. Sur les deux tiers restants, des bacs immergés accueillent des plantes aquatiques spécifiques qui achèvent le processus de remise en vie. Les végétaux sont utilisées pour éliminer, contenir ou rendre
moins toxique l’eau chlorée par le pouvoir de fixation et d’absorption de leur système racinaire. Ainsi la plante devient un système de pompage et de filtration. Les plantes et leurs racines peuvent donc créer un environnement plus riche en activité microbienne.

L’atelier de Phytoremédiation s’est déroulé sur le lieu même du chantier et pendant toute sa durée, de septembre 2005 à avril 2006. Aujourd’hui l’eau de la piscine recyclée par le bassin de phytoremédiation sert à l’arrosage et au nettoyage de l’extérieur de la piscine.

DONNÉES
Commanditaire : Noël Mamère (maire), Ville de Bègles
Équipe mandataire : Patrick Bouchain, Nicole Concordet et Loïc Julienne architectes. Avec : Liliana Motta (artiste botaniste), Jean et Gaspard Lautrey (artistes constructeurs), Arcoba (bet), Anne Frémy, Alexandre Del Perrugia, Marin Kasimir (artistes), Denis Favret, Antoine Mabire (architectes)
Surface totale parterres : 2.500 m²
Photographe : Liliana Motta

Bassin expérimental de traitement du chlore par phytoremédiation
Piscine municipale. 33130 Bègles